Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences
La situation des femmes a connu une détérioration, depuis la crise de Covid-19, notamment dans le marché du travail, ainsi que le degré de son activité et de sa participation n’est pas à la hauteur des ambitions du Maroc, a signalé le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri. Dans une déclaration accordée au Groupe Le Matin, dans le cadre de son dernier événement «Morocco Today Forum», le ministre a précisé que l’amélioration de la situation des femmes du Maroc est parmi les priorités du gouvernement. «Un accord de dialogue social a été signé le 30 avril 2022, par lequel le gouvernement, les parties prenantes sociales et les patrons d’entreprises s’engagent à préparer un nouveau code de travail pour juillet 2023», a-t-il rappelé. Le ministre a fait savoir que son département propose des programmes pour l’intégration des femmes entrepreneures. «Presque 18.000 femmes ont bénéficié du programme “Min Ajliki” et nous ambitionnons que ce programme sera généralisé dans toutes les régions du Maroc», a-t-il indiqué. Et d’ajouter qu’à partir du 2024, une offre de service est prévue pour avoir des politiques d’appui au profit des femmes à travers l’ANAPEC qui a bénéficié d’une refonte historique totale en 2022. 150 villages d’apprentissages ruraux au profit des femmes. Le ministre a noté que l’un des objectifs de son ministère est de développer la formation professionnelle, notamment dans le milieu rural. «Nous prévoyons 150 institutions, intitulées “les Villages d’Apprentissage Ruraux-VAR”. Ces institutions seront construites à partir de 2024, sur une période de 4 ans», a-t-il révélé. Et de préciser que ces villages visent à faciliter l’accès et la mobilité des femmes dans le milieu rural pour recevoir des formations professionnelles.
Fosca D’Incau, Private and Finance Analyst Gender Focal Point - United Nations Development Programme
Le Pnud s’attaque en priorité à la problématique de renforcement des opportunités économiques, notamment l’employabilité, l’entrepreneuriat et l’accès au financement, indique Fosca D’Incau, Private and Finance Analyst Gender Focal Point United Nations Development Programme. «À cette première et principale dimension s’ajoutent d’autres éléments sur lesquels le Pnud travaille en coordination avec toutes les parties prenantes au Maroc. Il s’agit en particulier de l’aspect juridique, du code du travail, de l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle ainsi que la prise de décision et la présence des femmes dans les organes de gouvernance», a précisé la responsable. Elle a par ailleurs expliqué que le Pnud se focalise sur la levée des barrières structurelles, normatives et culturelles qui empêchent les femmes d’avoir les mêmes opportunités économiques que les hommes. «Il s’agit également pour nous de faire reconnaitre le travail qui est accompli par les femmes et notamment le travail non rémunéré, la collecte de l’eau des puits...», a-t-elle ajouté au Micro de Matin TV. Et de rappeler que l’organisation appuie des associations féminines pour les aider à lancer des projets portés par des femmes et contribuer ainsi à l’inclusion économique des femmes.
Anass Kettani, vice-Président Insertion et Entrepreneuriat à l’Université Hassan II de Casablanca
Anass Kettani, vice-Président Insertion et Entrepreneuriat à l’Université Hassan II de Casablanca, souligne qu’il faut œuvrer par des actions tangibles pour donner sa chance à la femme. «Au niveau du pôle insertion et entrepreneuriat, nous avons à ce jour 70% de femmes entrepreneures», note M. Kettani, invité du MTF 2022. «On est très content de voir des femmes occuper des postes de responsabilité dans notre pays. La maire de la ville de Casablanca est une femme, et ce n’est qu’un exemple de femmes qui sont brillantes aujourd’hui et dont on ne peut qu’être fiers. Ceci prouve que la femme a autant de chances que l’homme de réussite dans notre pays. Toutefois, il faut avouer qu’il y a encore des non-dits, notamment au niveau culturel. Je pense qu’il faut faire plus d’efforts, entre autres, pour sensibiliser les familles et les aider à lever certaines croyances discriminatoires à l’égard des femmes. Il ne s’agit en aucun cas d’imposer la femme ou l’homme dans la société, mais plutôt de garantir une égalité des chances et que la compétence l’emporte. Les choses bougent dans le bon sens au Maroc, mais la femme doit aussi croire en elle-même pour pouvoir être une véritable actrice de changement dans le pays», déclare M. Kettani. Au niveau du pôle insertion-entrepreneuriat de l’Université Hassan II de Casablanca, il explique qu’à ce jour 70% femmes entrepreneures participent au programme de l’université. «Leurs idées sont justes et magnifiques. Si j’ai un conseil à donner à toutes les femmes du Maroc, je leur dirais qu’elles doivent croire en elles-mêmes, car le pays, voire le monde, a besoin d’elles», note M. Kettani.
Jamal Belahrech, président de la fondation Zakoura
Jamal Belahrech, président de la fondation Zakoura, note que la Vision Royale autour du rôle que doit jouer la femme dans le développement du Maroc a été le véritable déclencheur de la transformation de sa situation. «Aujourd’hui, la femme représente 50% de l’humanité et le Maroc se trouve également dans ce même ratio. Donc, aucun développement n’est à penser ou espérer sans la femme», insiste M. Balahrech. «Le sujet de cette édition du MTF doit nous interpeller tous. Il vient éclairer et faire un focus sur les enjeux du développement actuels pour le pays et le rôle que la femme se doit de jouer dans cet écosystème», note l’invité au Micro de Matin TV. Qu’est-ce que cela signifie en pratique ? Le président de la fondation Zakoura est catégorique : l’éducation est la voie qui permettra à la femme de jouer son rôle dans le développement. «Il faut donner et faciliter l’accès des filles à l’école. C’est une conviction pour moi. Et ce besoin ne se traduit pas uniquement dans les zones rurales, mais également dans l’urbain et le péri-urbain. Après l’éducation, il faut mettre à disposition des femmes les conditions favorables pour développer leurs compétences afin de faciliter l’accès au monde du travail et aller au-delà en leur offrant des possibilités de maintenir ce travail et y évoluer», explique l’invité. «Sur le plan politique, beaucoup d’avancées sont à mettre à l’actif du Maroc en termes de parité. Mais la question est ailleurs selon moi. Les femmes doivent faire un travail sur elles-mêmes pour s’imposer dans la société et ne pas attendre que les hommes leur donnent cette place. Je pense que le message de S.M. le Roi pour la femme a toujours été ainsi orienté : prenez de la place, prenez du pouvoir là où vous êtes», déclare M. Belahrech.
Mohammed Dardouri, Wali coordinateur national de l’INDH
Mohammed Dardouri, Wali coordinateur national de l’INDH, a noté que la 3e phase de l’INDH vise à généraliser le préscolaire là où il n’y a pas d’écoles, c’est-à-dire au niveau de 47.000 douars et localités rurales. M. Dardouri, invité de la 5e édition du MTF, a rappelé que l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a toujours placé la femme au centre de ses activités, que ce soit en termes de santé de la mère et de l’enfant, de l’éducation du préscolaire jusqu’à l’accompagnement des jeunes filles dans le monde rural, ou de l’inclusion économique. «Cette rencontre a été l’occasion de relater les actions de l’Initiative en faveur de la femme. Aujourd’hui, nous sommes au niveau de la dernière année de la 3e phase de l’INDH. Beaucoup de réalisations ont été accomplies. À titre d’exemple, l’INDH préscolarise plus de 140.000 fillettes au niveau de 10.000 douars. Comme tout le monde le sait, le préscolaire est l’entrée principale pour la réussite scolaire», souligne M. Dardouri au micro de Matin TV.
Chakib Achour, directeur Stratégie de Huawei Maroc
Chakib Achour, directeur Stratégie de Huawei Maroc, note l’importance de garantir la formation dans le domaine IT aux femmes. C’est en effet l’une des priorités de ICT Academy, la plateforme d’apprentissage qui propose une large gamme de formations et de certifications en ligne. «Pour notre groupe, la question de la femme est l’une des priorités qui se reflètent d’abord au niveau de la structure managériale. Nous comptons beaucoup d’ingénieurs femmes parmi nos équipes, la femme est également présente dans les postes de management», note M. Achour. Au-delà de la structure du groupe, Huawei traduit cet intérêt pour la question de la femme au niveau même de ses programmes d’accompagnement et de formation dans les domaines de la technologie. «Dans le cadre de la formation ICT Academy, ouverte à toutes les universités marocaines, nous veillons à faciliter l’accès aux femmes», a-t-il souligné. Et de rappeler que le groupe veille à apporter la connectivité partout notamment dans les zones rurales. «Il est important de faciliter l’accès au digital pour les jeunes filles notamment pour leur permettre de suivre des cours ou des formations à distance et d’être connectées avec le monde pour pouvoir évoluer», explique le directeur Stratégie de Huawei Maroc au micro de Matin TV.